oh, cruel fate...


Nom : Kim
Prénom : HanBin
Âge : 22 ans
Date de naissance : 17 décembre
Lieu de naissance : GwangJu
Occupation : Étudiant
Famille : Mère et grande sœur
Résidence actuelle : Séoul
GwangJu, c’était le genre de ville qu’on quittait en promettant d’y revenir, sans vraiment savoir quand. C’était là que HanBin avait grandi, entre les montagnes qui veillaient sur la ville et les vieux cafés que sa mère aimait fréquenter le dimanche matin. Une enfance douce, pas tout à fait parfaite, mais pleine de chaleur. Il avait toujours été ce garçon solaire qu’on remarquait sans qu’il ne le cherche : le sourire accroché au visage comme une seconde peau, la voix douce, un rire un peu trop sonore quand il se laissait aller. Sa grande sœur, YeonJi, disait souvent qu’il faisait fondre les adultes et exploser les groupes d’amis.
Quand leurs parents avaient divorcé, HanBin avait seize ans. Le père était parti sans trop de fracas, sans cris ni casse. Juste un départ qu’on avait compris comme définitif. Sa mère avait tenu la maison à elle seule, et YeonJi, déjà majeure, avait veillé sur HanBin comme une seconde figure maternelle. Il s’était promis de ne jamais leur causer de souci, d’être celui qui rassure, celui qui sourit. À dix-neuf ans, il avait quitté GwangJu pour Séoul. Une place dans une grande université, une colocation dans le quartier de Mapo, un sac à dos plein d’espoirs et un appareil photo offert par sa sœur. Il voulait tout faire : étudier, voyager, aimer, réussir. Il s'était inscrit en communication visuelle, un mélange de graphisme, de photo et de médias. Il était populaire sur le campus, aimé autant pour sa gentillesse que pour son humour spontané. Il aimait sortir avec ses amis, découvrir les petits bars cachés, prendre des photos de passants anonymes dans les rues étroites de Hongdae. Et même s’il ne l’avouait qu’à demi-mot, il aimait les garçons. Sa mère et sa sœur le savaient, l’avaient toujours plus ou moins su, et l’avaient accueilli avec cette tendresse inébranlable qui le faisait se sentir protégé du monde. Et puis, tout avait basculé...


Un matin, une migraine inhabituelle, puis des vertiges et des pertes d’équilibre. Un scanner... Un silence épais dans le bureau du neurologue. Plusieurs petites tumeurs cérébrales, inopérables, avaient dit les médecins. Ou du moins, en Corée. Il y aurait peut-être un espoir ailleurs, dans un pays étranger, entre les mains d’un neurochirurgien plus qualifié, mais le temps pressait. Et l’argent, aussi. Il avait écouté l’annonce sans vraiment entendre, comme s’il assistait à une scène qui ne le concernait pas. Une fraction de sa vie venait de se fissurer. Le reste suivrait bientôt...
Il avait mis ses études en pause, il ne trouvait plus de sens à rédiger des projets de fin de semestre quand son propre temps était compté. Il avait refusé l’hospitalisation immédiate, il avait juste besoin d’air, de revenir là où tout avait commencé. Là où l’on savait encore qui il était sans qu’il ait besoin de faire semblant. Il était retourné à GwangJu, dans la vieille maison de son enfance. Sa mère l’avait accueilli en lui ouvrant la porte comme si elle l’attendait depuis toujours. Il n’avait rien dit ce jour-là. Il n’avait pas eu la force... Juste un sourire fatigué, une valise un peu plus lourde que d’habitude et ce regard qui fuyait le sien. Elle avait compris qu'il se passait quelque chose, peut-être. Ou peut-être pas...
Depuis son retour, HanBin écrivait, il noircissait des pages dans un carnet noir qu’il gardait sous son oreiller. Il y parlait de ses peurs et de ce qu’il ne disait à personne. Il y notait ses envies absurdes et précieuses : voir la mer une dernière fois, tomber amoureux même si ça ne dure pas, entendre les rires de sa sœur dans la cuisine, sentir l’odeur du shampoing de sa mère quand elle l’enlace. Il prenait aussi des photos. Des autoportraits dans les reflets des vitres, des clichés de ses proches à leur insu, des images floues des ciels d’été. Il voulait que sa disparition laisse une trace douce, pas une cicatrice.
Les jours passaient différemment à GwangJu, plus lents et étrangement plus simples. Il aidait sa mère à faire les courses, traînait dans sa chambre d’adolescent qu’elle n’avait jamais osé redécorer. Parfois, il accompagnait YeonJi dans les cafés qu’ils fréquentaient étant enfants. Il n’avait toujours rien dit. À chaque occasion, les mots restaient bloqués dans sa gorge. Comment annoncer sa propre fin à ceux qu’on aime ?
Il ne savait pas combien de temps il lui restait, les médecins avaient dit six mois à peu près. Il avait des jours où tout allait bien, presque comme avant. Et d’autres où le monde tanguait sous ses pas, et où les douleurs sourdes lui rappelaient que le temps ne se laisserait pas tromper éternellement. Mais pour l’instant, il était là, vivant et présent. Et il avait encore tant de choses à écrire...

