하늘길
Le chemin du ciel
On raconte que, là-haut, toutes les âmes ne deviennent pas des anges. Lorsque la vie s’éteint et que le dernier souffle s’envole, certains se retrouvent devant le Hall de la Clarté, un lieu hors du temps, baigné d’une lumière douce que nul mortel n’a jamais pu décrire. Ici, les Gardiens observent le cœur de chaque âme, pas ses péchés, pas ses erreurs, mais cette lumière fragile qui réside au plus profond. La pureté n’est pas l’absence de fautes, mais la force d’avoir aimé, même au détriment de soi.
Les élus sentent alors leur essence se recomposer. Leur corps change, leur âge devient flou. Et ils marchent vers la Cour des Apprentis, où commence un apprentissage que nul vivant ne pourrait comprendre : apprendre à voyager entre les mondes, à apaiser les vivants, et à guider les morts jusqu’au repos éternel. Pour les autres, il n’y a ni honte ni punition, seulement le retour au cycle infini des renaissances, avec au cœur un souvenir de paix qu’ils ne pourront expliquer. Ce fut ici, dans cette lumière suspendue, que Lim JaeHeon ouvrit les yeux pour la seconde fois.


Nom : Lim
Prénom : JaeHeon
Âge : 16 ans
Date de naissance : 5 mars
Lieu de naissance : Gangneung
Résidence : Gangneung
Famille : Parents et petite sœur

22 août - âme n°473
JaeHeon a grandi dans une petite maison proche de la plage d’Anmok à Gangneung. Ses parents tenaient un petit café familial avec vue sur la mer, assez populaire chez les touristes de passage. Enfant, il passait ses journées à courir sur le sable ou à inventer des histoires avec son meilleur ami. Sa petite sœur, Hayeon, est née lorsqu’il avait 6 ans, il avait attendu son arrivée avec impatience et, dès sa naissance, il s’était juré de la protéger coûte que coûte. Très fusionnel avec elle, il passait souvent ses après-midis à lui lire des histoires, lui apprendre à dessiner ou à lui montrer les coquillages qu’il avait trouvés. Hayeon le suivait partout, l’imitait dans tout, et l’appelait affectueusement « Heonie oppa ». Très proche de sa mère, il partageait avec elle un lien complice basé sur les confidences nocturnes et les éclats de rire. Avec son père, plus réservé, il entretenait une relation basée sur la confiance et le respect, même si le travail l'occupait beaucoup.
JaeHeon était un rayon de soleil dans son entourage. Toujours prêt à aider, il possédait une gentillesse instinctive, presque naïve dans son enfance. Sensible et protecteur, il avait tendance à s’inquiéter pour les autres bien plus que pour lui-même. Avec Hayeon, il était un grand frère attentionné, parfois un peu trop protecteur. Les disputes étaient rares, et même après une petite chamaillerie, il trouvait toujours une façon de la faire rire pour se réconcilier.
L'accident
Ce jour-là, JaeHeon avait prévu de passer l'après-midi avec sa petite sœur Hayeon pour l'aider à organiser et ranger sa collection de coquillages. Alors, quand son meilleur ami lui proposa de rejoindre leurs amis au lac du coin pour s'amuser et se rafraîchir, il avait tout simplement refusé. Entre l'obstination de son meilleur ami et la promesse de ce dernier de venir aider plus tard pour cette immense collection, Hayeon finit par céder et accepta de prêter son grand frère pour une partie de la journée. S'ils avaient su, ils seraient tous restés à ranger les coquillages sans broncher.
Le lac se situait à quelques minutes en vélo de leur maison. Peu de monde y allait, la mer étant bien plus attirante que l’eau calme du lac. Cependant, le petit groupe d’amis adorait se retrouver là, à l’abri des regards, libres de hurler et rire sans déranger personne. Leur après-midi commença simplement par des discussions au bord de l’eau, jusqu’à ce que la chaleur les pousse à se baigner. Après un moment à nager et jouer, l’un d’eux proposa une course : un aller-retour entre la rive et la petite île au centre du lac.
La première moitié fut facile. JaeHeon suivait de près son meilleur ami, éclaboussé par ses mouvements énergiques. Il avait accepté la course, mais préférait nager tranquillement : gagner n’avait aucune importance pour lui. Bon dernier, il entama le retour vers la rive lorsqu’une douleur fulgurante traversa sa jambe gauche. Une crampe violente contracta son mollet au point de le figer. Il tenta de flotter, de respirer calmement, mais la panique monta vite. Ses bras s’agitaient, cherchant un appui qui n’existait pas. L’eau s’engouffrait dans sa bouche à chaque tentative pour respirer.
Avant de sombrer, il entendit une dernière fois la voix de son meilleur ami, paniqué, se rapprochant à toute vitesse.. Mais la distance était déjà trop grande. Sous la surface, tout devint flou. Les sons s’étouffèrent, remplacés par le battement lourd de son cœur, ralentissant seconde après seconde. La lumière du soleil se brouilla.. Puis plus rien.
Quand on le ramena sur la berge, il était déjà trop tard. Son meilleur ami tenta de le réanimer, se relayant avec un autre du groupe, tandis que les deux derniers couraient guider les secours et prévenir la mère de JaeHeon. Peu de temps après l’arrivée des pompiers, la nouvelle tomba : son décès fut prononcé le mardi 22 août, à 16h38.


Le renouveau
Le choc de l’eau, la douleur dans la jambe, les cris.. Tout avait disparu. Plus de sensation de froid, plus de lutte pour respirer.. Un silence étrange avait remplacé le chaos. Quand JaeHeon ouvrit les yeux, il n’était plus dans le lac. Le sol sous lui n’était ni dur ni mou, mais d’une texture lisse et stable, comme s’il avait été conçu pour le soutenir. L’air était frais, propre, sans odeur familière. Devant lui, un espace immense s’étendait, baigné dans une lumière constante et sans ombre. Pas de soleil visible, mais tout était éclairé.
Il y avait de l’herbe, verte et uniforme, qui semblait trop parfaite pour être naturelle. Plus loin, des bâtiments aux lignes épurées se dressaient, d’un blanc immaculé. Ils ne ressemblaient à rien de ce qu’il avait vu sur Terre : aucun panneau, aucune porte visible, mais pourtant une impression que tout était à sa place. Rien ne bougeait, pas un bruit de vent, pas un oiseau.. L’endroit n’avait rien de menaçant, mais il dégageait une étrangeté qui donnait l’impression d’être loin, très loin de tout ce qu’il connaissait. Il ne se souvenait pas s’être levé, et pourtant il se retrouvait debout, ses vêtements secs, son corps intact... Il comprit alors qu’il n’était plus là d’où il venait, et qu’il ne pourrait sans doute jamais y retourner.
Plusieurs années avaient passé depuis ce jour au lac. Le souvenir de sa mort n’était plus qu’une image floue qu’il n’évoquait jamais, même dans ses pensées. La vie là-haut était devenue sa nouvelle réalité, avec ses règles, ses devoirs et ses silences. JaeHeon avait grandi ici. Son visage n’avait plus rien de celui du lycéen de seize ans qu’il avait été. Ses traits s’étaient affirmés, sa posture s’était faite plus droite, et dans son regard, il y avait une maturité que peu de vivants possédaient. Sa tunique blanche, ajustée et marquée de fines broderies argentées, désignait son rang : celui d’un guide confirmé.
Il connaissait désormais chaque recoin de la Cité Haute, les longues allées pavées menant aux salles d’affectation, les terrasses ouvertes sur les plaines lumineuses où passaient parfois les âmes en transit. Ses missions s’enchaînaient avec régularité : descendre dans le monde des vivants, suivre discrètement une personne dont le temps touchait à sa fin, puis l’accompagner jusqu’au passage.
À ses débuts, JaeHeon n’avait pas pu résister au besoin d’aller voir sa famille, de savoir s’ils allaient bien et ce qu’ils étaient devenus après sa mort. C’est lors d’un de ses passages furtifs dans sa ville natale qu’il avait découvert le divorce de ses parents. Après sa disparition, son père avait rejeté la faute sur sa mère, l’accusant de l’avoir laissé aller s’amuser avec ses amis au lac ce jour-là. Le divorce était arrivé peu de temps après, son père quittant le domicile familial sans aucun remords. Depuis, Hayeon refusait catégoriquement de lui adresser la parole, incapable de lui pardonner son comportement odieux envers leur mère.
Au fil de ses visites discrètes, JaeHeon avait aussi remarqué que quelqu’un d’autre veillait sur elles : son meilleur ami. Celui qui avait été avec lui au lac ce jour-là, celui qui avait tenté désespérément de le sauver. Il passait régulièrement au café au bord de mer pour aider leur mère, réparait une étagère, portait les sacs de provisions, et raccompagnait parfois Hayeon après les cours. Ce n’était pas par pitié, mais par loyauté, par attachement à la famille qu’il considérait désormais comme la sienne. JaeHeon ne restait jamais bien longtemps, sa mission n’attendait pas et les supérieurs ne pardonnaient pas les retards. Mais en repartant, il emportait toujours avec lui une certitude : sa sœur et sa mère n’étaient pas seules, et c’était tout ce qui comptait.

What if ?
possibilité de scène différente de l'histoire originelle
Et si l’histoire de JaeHeon n’était pas gravée dans la pierre ? Et si, au lieu de sombrer dans les eaux froides du lac ce jour-là, quelqu’un, ou quelque chose, avait tendu la main pour changer le cours des choses ?
Imaginez.
L’après-midi d’été reste la même. Le soleil frappe la surface de l’eau, les rires éclatent, les éclaboussures fusent. La course est lancée. Mais au moment où la crampe le saisit, où son souffle se coupe, un détail change. Une force qui le tire vers la surface, qui brise les secondes critiques. JaeHeon tousse, crache de l’eau, mais il respire. Il vit.
Le lendemain, il n’est plus qu’un adolescent ayant frôlé la mort, ignorant qu’il venait d’échapper à son destin initial. Mais ce que JaeHeon ne sait pas, c’est que le Destin n’accepte pas qu’on lui vole une âme. Sa mort par noyade était écrite. Si elle n’a pas eu lieu, une autre viendra. Et si elle échoue encore, il en inventera une nouvelle, encore et encore.. Jusqu’à obtenir ce qui lui revient.
Chaque instant devient alors un compte à rebours invisible. Une route verglacée, un immeuble fragile, un simple repas.. Tout peut devenir une nouvelle tentative. Quelqu’un l’a sauvé une première fois, mais combien de fois pourra-t-on défier la Mort ? Et surtout.. à quel prix ?
Peut-être qu’il découvrira qu’échapper à la noyade n’était que le début d’une autre histoire.. Où chaque souffle pourrait être le dernier.